Les premières Calottes à Namur
Par Jean-Philippe Rivière (CDOSA) – in « Peto Verbum », Janvier 2003
2ème semestre 1981-1982 : fondation de la RTM par tout au plus une dizaine de jeunes guindailleurs qui veulent remettre un peu de folklore dans leurs beuveries quotidiennes.
Rentrée académique 1982-1983 : les choses sérieuses commencent avec le premier arrivage de bleus. Organisation des premiers baptêmes.
PROBLEME : pour baptiser, il faut l’être soi-même or rappelons qu’à l’époque il n’y a rien à Namur, les « poils » (de noble 2ème candi voire, la plupart du temps, des premières candi bis) ne sont évidemment pas baptisés.
Il est donc fait appel à notre « grande soeur » historique et naturelle : l’UCL. le camarade Jean-Michel DELANGRE dit « TITUS », ancien de Namur ayant opté pour l’IAD à LLN mais toujours présent à Namur, se pointe avec le camarade TREMBLOY (ASMO) pour présider le premier baptême. Celui-ci se tiendra, comme tous les autres pendant 2 ans, dans l’arrière-cour du FAC (actuellement le Troquet) qui est le QG des guindailleurs. Dans les semaines qui suivent, on baptise à tour de bras, il faut en effet rattraper le temps perdu. C’est ainsi que l’on verra dès octobre des bleus baptisés lors de la première séance participer activement au baptême de « poils »….il faut un début à tout!
Des gens qui ne s’étaient intéressés que de loin à la fondation de la RTM constatent que l’initiative se concrétise et rejoignent les rangs fussent-ils bruxellois, carolo ou lux. Vu l’exiguïté des locaux, on ne baptise jamais plus de quatre à cinq personnes à la fois (sauf lors de la première séance)…il y a une liste d’attente. Les Autorités Académiques et les manches à balles de l’AGE commencent à s’émouvoir. On finira même par baptiser un licencié en biologie qui faisait son doctorat; bel exemple de modestie du camarade Xavier DEROUBAIX que de se laisser malmener en cinquième année d’Univ par des gaillards dont certains y étaient depuis deux mois!
Qui furent donc les baptisés de la première séance? Certaines ont eu par la suite un parcours estudiantin discret voire inexistant; d’autres feront encore parler d’eux, ainsi : Pierre-Emmanuel RAIMOND, dit « SOCRATE », dit « CALIGULA », qui deviendra un « ponte » de la Gé Gantoise ou encore…votre serviteur (NDLA : Jean-Philippe RIVIERE).
Même constat pour les baptisés qui suivirent immédiatement (et qui étaient donc déjà des « poils ») : certains n’iront jamais plus loin, d’autres seront des piliers du folklore estudiantin namurois dans les mois et les années qui suivront. Ainsi : Jean-Pascal CAUDRON, dit « JPC », qui après avoir été un tonitruant président RTM émigra vers la FUCAM; Jean-Luc LANNEAU qui sera Chancelier-Fondateur de la CDOSA et bien sûr, last but not least, John LEBRUN dont on retiendra entre autres nombreux faits d’armes qu’il sera le Grand-Maître-Fondateur de la CDOSA.
Le « Big Bang » du folklore namurois a eu lieu. Après des décennies de sommeil profond, un certain nombre de personnes se sont retrouvées au même moment, au même endroit avec le même projet et la même volonté de le faire aboutir. Le fait que vous me lisiez aujourd’hui est la démonstration que ça a marché mais croyez bien qu’au premier semestre de l’année académique 82-83 c’était loin, très loin, d’être évident.
Ainsi, nous voilà donc avec de fabuleux néo-baptisés Mais ne leur manque-t-il pas quelque chose sur la tête. Mais comment vont réagir les Autorités Académiques et les autres étudiants. Mais où va-t-on « loger » et abreuver tout ce beau monde. Mais n’y aura-t-il pas de tensions internes???? »
Automne 1982, finis les « jeux scouts » en loden vert des cercles facultaires, pour la première fois de vrai baptêmes estudiantins ont été organisés par la toute jeune RTM. Il ne convient évidemment pas d’en rester là et, avant tout, il faut un couvre-chef.
Lequel ? Il n’a jamais été question une seule fraction de seconde de la penne. Nous sommes dans de Facultés catholiques en wij belijven katholieke Godverdomme comme on dit à la Gé. Ce sera donc la Calotte (il n’y a pas d’erreur de frappe, tout le monde sait qu’il faut une majuscule à Calotte et pas à penne…non ?).
Toute petite discussion avec le camarade Jean-Michel DELANGRE qui a, bizarrement, hérité de son frère aîné d’une chose hybride : une calotte avec une visière !!! (dans ce cas il ne faut pas de majuscule à Calotte). Pourquoi ne pas reprendre cette idée et en faire la particularité namuroise ?
La discussion sera brève : la calotte n’est pas un accessoire de guindaille, c’est un symbole de l’appartenance à une philosophie : l’humanisme chrétien si cher au camarade John LEBRUN, il n’est pas question de la dénaturer en lui « greffant » un accessoire rappelant la philosophie opposée, celle de la Libre pensée (qui consiste, comme chacun le sait, surtout à l’ULB, à être libre de penser la même chose que les autres mais surtout pas autre chose) et puis surtout…c’est très laid !
VOUS VOUS RENDEZ COMPTE DE CE A QUOI VOUS AVEZ ECHAPPE ! (Le camarade DELANGRE va d’ailleurs « perdre » cette visière dans les mois qui suivront…).
Ce sera donc la Calotte, la Seule, la Vraie, la Séculaire…celle de l’UCL.
Alors que j’étais de passage à Namur en novembre 2002, une charmante carolo (je crois…) m’a posé la question de savoir pourquoi nous avions gardé le bordeaux pour le dessus plutôt que de prendre une autre couleur comme à Liège ou à Gand. Je dois avouer que nous ne nous sommes jamais posés la question. Il faut encore rappeler qu’à l’époque nous étions de vrais bleus au niveau folklore national. Très peu d’entre nous, pour ne pas dire personne, savaient qu’il existait des calottes à dessus vert ou blanc. Notre référence était évidemment l’UCL et, accessoirement, les FUSL qui avaient vécu leur « Big Bang folklorique » cinq ou six ans avant. Je crois toutefois que si la question s’était posée, nous aurions, dans l’esprit de l’époque, conserver de toute façon le bordeaux partant du principe que les calottes à dessus d’autres couleurs sont portées par des gens qui, qu’ils se reconnaissent ou non, sont très largement minoritaires sur leur site ou dans leur ville.
A l’automne 82 nous nous sentions déjà assez marginalisés comme cela pour nous démarquer en plus de notre « grande sœur » louvaniste et de notre « cousine » bruxelloise autrement que par le ruban (voire infra). Par contre, notre dessein était de ne pas rester ces marginaux mais au contraire, de devenir la norme…comme à l’UCL et aux FUSL…pas comme à Gand ou à Liège.
Et le ruban ? Là encore, petite discussion. Les FUSL ont opté pour les couleurs de leur ville d’accueil ; l’UCL a choisi les couleurs de sa sainte patronne ceintes des couleurs papales. En bons élèves des Jésuites les couleurs papales sont immédiatement écartées. La logique la plus élémentaire commandait toutefois que nous conservions les couleurs de la Vierge ; nous ne sommes pas université catholique nous sommes carrément les facultés NOTRE-DAME… !
Donc, il fallait logiquement conserver le ruban bleu et blanc croisé avec les couleurs nationales et éventuellement ceint d’un ruban noir (le Général de la Compagnie de Jésus n’est-il pas surnommé depuis des siècles le pape noir ?).
Pourtant, déjà , la « politique » va prendre le pas sur la logique.
Nous avions beaucoup de reconnaissance à l’égard de nos « belles-mères » de l’UCL ; sans eux nos premiers baptêmes n’auraient eu aucune légitimité. Toutefois, certains d’entre eux, au premier rang desquels le camarade Dominique TREMBLOY, avaient à l’égard de Namur une attitude paternaliste voire colonialiste qui déplaisait de plus en plus à des gens très indépendants comme John LEBRUN, Jean-Pascal CAUDRON, Paul-André PRADE ou votre serviteur. Avoir une Calotte aux même couleurs que l’UCL, le ruban papal en moins, nous a semblé, à tort ou à raison, être une marque de soumission à l’égard de l’UCL et il n’était pas « politiquement » concevable qu’une quelconque soumission puisse être ne fut-ce qu’imaginée.
Il restait donc, pour ne vexer personne, à faire comme les FUSL et à opter pour les couleurs de la Ville (qui, comme chacun le sait sauf nous à l’époque, sont le jaune et noir).
Las, las, las !!!