Insigne de Calotte – B

BACCALAUREAT[1] : Au Moyen-Age la soutenance de thèse se fête dignement : les drapeaux flottent, les étudiants écoutent, les professeurs en toge paradent.  La discussion commence entre l’auteur de thèse et un professeur.

S’il triomphe, le recteur s’avance à pas lents, drapé dans se toge d’apparat, bordée d’hermine.  Le jeune maître s’agenouille, joint les mains et reçoit une barrette.  Ailleurs, il recevait l’anneau, le bonnet et le baiser de paix.  A Bologne, l’anneau et en Ecosse le bonnet.  Ensuite c’est la fête : les trompettes sonnent, on “descend” en ville en cortège, on chante des cantiques avant de se ruer dans les tavernes se payer “franche lippée ou franche repue”.

Mais avant ce couronnement, il devait réussir la Baccalauréat, (du latin Bacchalariatus, épreuve imposée au bas chevalier, celui qui, gentilhomme, n’est pas écuyer et n’a pas encore le droit de lever bannière).

Le deuxième stade, la licence, reconnue par bulle spéciale, donnait le droit d’enseigner et était délivrée par le chancelier de l’évêque.

 

 

BACCHUS :                         (Ou Dionysos).  Divinité dont la signification est abusivement simplifiée quand on en fait le symbole de l’enthousiasme et des désirs amoureux.  La complexité infinie du personnage de Dionysos, le jeune garçon divin, ou le Dieu deux fois né, se traduit dans la multitude des noms qui lui furent donnés, dont les premiers, il est vrai, comme le Délirant, le Bruissant, Le Frémissant, se rattachent aux bruyantes clameurs de l’orgiasme.

Dieu de la végétation, de la vigne, du vin, des fruits, du renouveau saisonnier, Seigneur de l’arbre (Plutarque), il est celui qui répand la joie à profusion (Hésiode).  Génie de la sève et des jeunes pousses, Dionysos est aussi le principe et le maître de la fécondité animale et humaine.  Il est d’ailleurs dénommé Phallen ou Phallénos et la procession du Phallos occupe une place importante dans maintes de ses fêtes (ainsi que le dévoilement du phallus dans les fresque de l’initiation, par exemple, dans la Maison des Mystères, à Pompéi).

Il symbolise les forces obscures qui surgissent de l’inconscient; il est le Dieu qui préside aux déchaînements que provoque l’ivresse, toutes les formes de l’ivresse, celle qui s’empare des buveurs, celle qui saisit les foules entraînées par la musique et la danse, celle même de la folie, qu’il inspire à ceux qui ne l’ont pas honoré comme il convient.  Il apporte aux hommes les présents de la nature et surtout ceux de la vigne.  Il est le Dieu aux formes multiples, le créateurs d’illusions, l’auteur de miracles.

                                               Insigne de calotte.  Bacchus, Dieu du vin, est délivré au Roi des Bleus et au Vice-Roi.  Le premier portera le Bacchus à l’endroit et le deuxième à l’envers.

Sur d’autre cites encore, l’on placera un Bacchus à l’arrière de la calotte lorsqu’on a été reconnu digne dans l’ivresse.

 

BAND :                                  Signe distinctif.  Le Band est porté par les Présidents et bien souvent par les membres du Comité des différentes associations estudiantines sur l’épaule droite.  Si le port du Band est prévu pour les Bleus, il se portera sur l’épaule gauche.  Le Band est toujours composé des couleurs de l’association.

Le Band se porte sur l’épaule droite afin de séparer symboliquement le coeur et l’esprit du reste du corps.

Une autre interprétation nous dit que le Band se porte sur l’épaule droite par référence aux nobles chevaliers qui suspendaient leurs épées au moyen d’une étoffe partant de l’épaule droite jusqu’à la hanche gauche.

 

BAPTEME :                         Symbole de purification et de renouveau.  Les éditeurs de la Bible de Jérusalem notent ce qui différencie le baptême de Jean des autres rites d’immersion : Il vise une purification non plus rituelle, mais morale;  il ne se répète pas et revêt de ce fait l’aspect d’une initiation;  il a une valeur eschatologique[2], introduisant dans le groupe de ceux qui professent une attente active du Messie prochain et qui constituent par avance sa communauté.  Quelles que soient les modifications apportées par la liturgie des diverses confessions chrétiennes, les rites du baptême continuent de comporter deux gestes ou deux phases d’une remarquable portée symbolique : l’immersion et l’émergence.  L’immersion, aujourd’hui réduite à l’aspersion, est elle-même riche de plusieurs significations : elle indique la disparition de l’être de péché dans les eaux de la mort, la purification par l’eau lustrale, le ressourcement de l’être à l’origine de la vie.  L’émergence révèle l’apparition de l’être de grâce, purifié, raccordé à une source divine de vie nouvelle.

Une analyse plus détaillée des rites catholiques du baptême ferait ressortir le riche symbolisme des multiples gestes et objets qui interviennent dans l’administration de ce sacrement : imposition des mains, insufflation, signes de croix, tradition du sel de la sagesse, ouverture de la bouche et des oreilles, renonciation au démon, récitation du credo, onction de diverses huiles d’exorcisme, d’eucharistie, remise du vêtement blanc et du cierge allumé.  Toutes les démarches de cette cérémonie initiatrice traduisent la double intention de purifier et de vivifier.  Elles révèlent aussi la structure feuilletée du symbole : à un premier plan le baptême lave l’homme de sa souillure morale et octroie la vie surnaturelle (passage de la mort à la vie); à un autre plan, il évoque la mort et la résurrection du Christ : le baptisé s’assimile au Sauveur, son ensevelissement dans l’eau symbolisant la mise au tombeau et sa sortie le résurrection; à un trois plan, le baptême délivre l’âme du baptisé de l’assujettissement au démon et l’introduit dans la milice du Christ, en le marquant au sceau du Saint-Esprit, car la cérémonie consacre un engagement au service de l’Eglise.  Elle n’opère pas une transformation magique, elle confère la force de se développer, par la foi et les oeuvres dans le sens de l’Evangile.  Toute cette liturgie symbolise et réalise, dans l’âme du baptisé, la naissance de la grâce, principe intérieur de perfectionnement spirituel.

 

[3]Pour la religion, le baptême marque le passage du néant vers un vie nouvelle, de la Mort vers la Vie.  Dans les religions ethnologiques, il consiste en un rite d’initiation, qui marque la passage vers la vie sociale adulte.  Il se compose d’épreuve, de périodes de séparation, d’une information et souvent de douleurs physiques (Circoncision…).  Son respect apporte l’intégration plénière à la société.

Les clercs du Moyen-Age, étudiant en théologie, privé de distractions et accueillant le Bejaunes, les nouveaux ont adapté cette notion religieuse de baptême à un rite d’accueil et d’initiation païen.

La déposito intègre l’impétrant dans la grande société de étudiants, lui ouvrant les protes d’une “vie sociale nouvelle”, avec ses privilèges et son statut spécial.

Initié, préparé, rejetant son adolescence et son passé, libéré, le bleu va s’intégrer dans le groupe des “Maître du Savoir”.  Cet acte de rupture entre le passé et le présent, entre l’adolescence avec la soumission et l’indépendance, la culture, le pouvoir, la connaissance et la liberté, avait une importance capitale pour le future diplômé.

Dégénérescence de cette époque, le débizuthage à la française n’est que le faible reflet de le déposito ancienne, épreuve rabelaisienne mais qui n’était qu’un élément permettant d’arriver au statut d’homme libre.

Mais l’esprit n’a pas changé.  Il fallait aussi souffler d’un seul pet trois chandelles allumées, boire dans un pot de chambre un mélange de champignons hachés et de pain… Telles étaient les épreuves qui donnaient droit aux “180 Privilèges des escholiers”, que les érudits de l’époque avaient recensés.

 

En ce qui concerne le baptême académique ou estudiantin c’est certainement ce qui le fait le plus parler de lui, et ce qui est le plus redouté des Bleus.  Le Baptême permet au Bleu de passer Poil en subissant un parcours initiatique et secret (Voila pourquoi nous ne serons pas plus explicite à ce sujet).  C’est indéniablement le moment qui laisse les plus indélébiles souvenirs !.  Le Baptême n’est jamais obligatoire, mais vivement recommandé si l’on veut participer à tout ce que la vie estudiantine peut offrir.  Pas de baptême pas de Calotte !

 

BIERPET : [4]Couvre-chef qui rappelle le calot que les chevaliers portaient sous le heaume.  Les associations allemandes portent toutes ce couvre-chef.

En Belgique, outre les associations néerlandophone (souvent appelées “Club” ), quelques groupements l’ont maintenue.  C’est le cas pour l’Ordre Académique de Saint-Michel (rouge à bord circulaire vert recouvert d’un monogramme d’or) et pour le Koninklijke Antwerpse Studentenkring (KASK).

 

BIERZIPFEL : L’usage du port de la Bierzipfel est d’origine Allemande.  C’est une médaille commémorative d’un Ordre qui se porte le plus souvent à la ceinture, ou que l’on garde précieusement en poche.  Les Membres qui omettent de la porter ont une dette d’honneur qui est commuée immédiatement en une tournée générale, au prix de la bière, aux porteurs de la médaille.  D’où l’expression souvent entendue, même sous la douche, ‘Qui n’a pas sa Bierzipfel ! ‘

 

BITTURE : [5]L’expression “Prendre une bitture” date de 1842.  Les étudiants complètent en ajoutant “Bittus mais dignes” : “Nous serons bittus mais nous resterons dignes” (écrit généralement bitu), ce cri, cent fois prononcé lors des réunion, a une origine scandinave :

“ Une bitte, du scandinave BITI, dans la Marine, désigne un billot fixé sur le pont et autour duquel les cordes sont enroulées et en particulier le câble qui tient l’ancre.  La bitture est la partie du câble qu’on devait filer en mouillant.

Prendre une bonne bitture, c’est prendre une longueur de câble suffisante.”

Cette notion de mouillage, et de mouillage de l’estomac par l’alcool surtout, a fait entrer ce mot dans la langage populaire et implique une fameuse cuite.  Le mot “se bitturer” est entré dans la langue française en 1834 (selon Robert).

 

BLEUS :[6] ”Espèce déplorable et répugnante, dont on aimerait se passer”.  Jusqu’ici pourtant c’est le seul moyen connu pour assurer la relève dans nos associations.  Il sont appelés Bleu, Fuchs en Allemagne, Schacht en néerlandais, Bejaunus ou Tyro au Moyen-Age, Bizut ou Gnouf en France, Alumnus à U.C.L. ou aux U.S.A..

Le nouvel arrivé, à l’Université de Paris est dit “Bejaune” et doit, selon des usages fort anciens, “payer la bienvenue” à ses camarades de collège;  il doit veiller à ses paroles, car tout mot prononcé autrement qu’en latin entraîne le paiement d’une tournée générale ou deux coup de férule.  Il essuie les tables, convoque les assemblées.

Dans les réunions où les anciens étaient assis tête couverte, les Bejaunes demeuraient debout et découverts, sous peine de deux coup de férule, on leur en appliquait autant s’ils rompaient le silence.

Dans les dialogue Schola, Jean-Louis Vives nous confie :

“Ces mots Tyro et Batalarius sont noms prins de la guerre.  Tyro est un mot ancien, prins pour celuy qui commence à s’exercer en guerre.

Batalarius en françois est le gendarme, lequel défia une fois en la guerre, (ce qu’ils appellent bataille) a este quang les coups se font ruez et à combattre son ennemi.  Ainsi en la bataille des lettres, celuy qui avoit disputé publiquement de quelque art a commencé par être appelé Batalarius.  Et après de la licence qu’ils obtiennent, ils sont nommez licentiez et finalement ils obtiennent le doctorat, quand c’est que l’on leur a mis le bonnet sur la tête en toute grande assemblée de l’Université”.[7]

Du nmême auteur mais en néerlandais :

“Tyro is de naem voor hem die sich in het bedrijf der wapenen begint vaerdig, te maeken;  Mij beteekent dus soo veel als aencomeling ofte soo veel als belu ofte bloode.”

Il restera bleu jusqu’à sa première disputatio ou défense de thèse.  Pendant cette période, il faudra qu’un maître des bleus, l’équivalent du maître des novices dans la vie monacale, l’informe, le dégrossisse, l’initie, et le soumette à certaine épreuves.

Nous sommes à l’origine des baptêmes qui intègre le nouveau dans la grande famille régionale et estudiantine.

En France, après les épreuves, celui-ci était lavé de la “tache de béjeunage” par deux parrains et les autres Béjaunes étaient tenus d’apporter l’eau nécessaire à cette opération.  Si le nouveau promu s’entendait encore traité de Béjaune , il faisait condamner celui qui s’était rendu coupable de cette injure de deux coups férules.  Dernière formalité pour obtenir son brevet d’ancien, le “Béjaune” devait acquitter une taxe au profit de la caisse de l’Université.

 

BOUTEILLE DE VIN :      Insigne de calotte.  On met une bouteille par biture au carré, c-à-d la première pour la première biture, la deuxième pour la quatrième biture et caetera.  A Liège signifie biture fréquente.  Cet insigne émane des étudiants Bourguignons, il se retrouve surtout sur les Faluches.

 

BOUTEILLE DE CHAMPAGNE : Insigne de calotte.  Même origine et principe que la précédente mais pour les comas éthylique !

 

BRABANCONNE : Pour rappel.

 

Paroles de Charles Rogier.

Musique de Frans Van Campenhout

 

O Belgique, ô mère chérie

A toi nos coeurs, à toi nos bras,

A toi notre sang, ô patrie

Nous le jurons, tous, tu vivras

Tu vivras, toujours grande et belle

Et ton invincible unité

Aura pour devise éternelle

Le Roi, la Loi, la Liberté,

Aura pour devise éternelle,

le Roi, la Loi, la Liberté.(ter)

 

BREUGHELIEN[8] :

Il n’est pas aisé de définir l’esprit breughelien dont parle, notamment l’Ordre Académique de Saint-Michel : “esprit à la fois sérieux et breughelien”, semblable à celui des étudiants de jadis.

Qui était donc ce Pierre Breughel dont tant de Belges se vantent d’avoir l’esprit ?

Pierre Breughel, dit le vieux, naquit en Campine en 1525 et vint se fixer à Anvers où il devint grand maître de Gilde en 1551.  Il partit ensuite pour l’Italie où il séjourna de 1552 à 1553.  Puis, il se fixa définitivement à Bruxelles en 1563 après avoir épousé la fille de P. Coecke.  Il mourut en 1569 et fut enterré à l’Eglise de la Chapelle (près du Sablon, dans les Marolles) où chaque année l’Ordre Académique de Saint-Michel va lui rendre hommage dans le courant du mois de mars.

Paysagiste, il unit dans son oeuvre réalisme et fantastique (monstres, diablerie) et ce, avec une irrésistible drôlerie.  Il puise son inspiration dans l’observation des moeurs des villageois de la campagne Brabançonne, dans la vie quotidienne des humbles de son temps.  Ses paraboles, ses scène paysannes, le cycle des saisons, il le situe dans las villages de Brabant qu’il avait parcourus de fêtes en fêtes, de mariages en mariages.

Il fut des ses oeuvres “didactique, moralisateur et satirique” (L. Lebeer.).  Ses estampes représentent “sous une formes vivantes et spirituelle, des vérités universelles et éternellement humaines.”[9]  Sans doute est-ce cela l’esprit breughelien.

IL naît de deux mentalités : d’un esprit équilibré et moralisateur, doté d’une certaine lucidité, qui apparaît chez l’artiste, même dans ses desseins le plus fantastiques, avec une certaine clairvoyance des choses et des gens et, d’une moquerie dans l’humour qui permet de rendre à chaque chose sa réelle importance : une vérité éloignée des contraintes et des tabous mais enrobée de raillerie et de paillardise.  Jacques Brel était breughelien, Guy Béart ne l’est pas.

Crier sa lucidité, respecter les valeurs éternelles, se moquer du superflu et de l’inutile, telle est la philosophie, que l’on prête à Breughel.  Il fut sans doute beaucoup plus mais c’est ainsi que nous le ressentons.  Prendre du recul vis-à-vis de l’événement, ne pas se prendre au sérieux, aller, comme Jacques Brel, jusqu’à la démesure et mettre les points sur le I de la Vie, tel est l’équilibre de cet esprit breughelien, mélange de romantisme flamand et d’un humour venant du Sud du Pays.

La zwanze, n’est-ce pas l’assurance de la liberté et de l’indépendance ?  Rire après les enterrements, pleurer aux mariages, boire jusqu’à plus soif, s’empiffrer de nourriture aux fêtes et aux kermesses, être truculent lorsque les autres ne le sont pas, être raffiné dans les fêtes paillardes, être toujours bien dans sa peau, vivre avec bon sens et humour, c’est approcher un peu la réalité de la Vie.



[1] Jacques Koot, Io Vivat, ou les Etudiants de l’Université, Bruxelles, chez l’auteur, 1983.

[2] Ensemble des doctrines et des croyances portant sur le sort ultime de l’homme et de l’Univers.

[3] Jacques Koot, Io Vivat, ou les Etudiants de l’Université, Bruxelles, chez l’auteur, 1983.

[4] Ibidem.

[5] Ibidem.

[6] Ibidem.

[7] Dialogue de Jean-Louis Vives, traduit du latin en françqis pour l’exercice des 2 langues à Lyon, ed Loys Cloquemin, 1580)

[8] Jacques Koot, Io Vivat, ou les Etudiants de l’Université, Bruxelles, chez l’auteur, 1983.

[9] Louis Verniers, un Millénaire de l’histoire de Bruxelles.